Episode 2 : Y-a-t-il un dentiste dans l’avion ?

Place du Petit Martroy,
J’aime le tableau de Ludovic PIETTE, « le marché aux légumes – 1876 », résumé haut en couleurs du PONTOISE de cette fin de 19ème siècle, là où peu d’années plus tard, mes arrière grands-parents OMNES venaient vendre leurs légumes cultivés à JOUY, où ils habitaient.

ludovic_PIETTE_1876a

Mon arrière grand-mère, née en 1878, que j’ai connue jusque vers mes 12 ans, était lavandière au lavoir de JOUY LA FONTAINE pour le compte de familles plus aisées, ce qui n’était pas difficile à trouver, et aidait son époux au jardin, à cultiver les légumes à vendre au marché, place du PETIT MARTROY.
Je la revois dans les années 50, au milieu de quelques autres lavandières, les genoux dans la paille de leur baquet en bois, qui savonnaient, rinçaient, tapaient le linge de leur battoir, pour ensuite l’étendre dans leur jardin, comme elle à l’arrière de sa modeste maison sans électricité, où à mon coucher elle allumait une bougie sur la table de nuit.
J’ai en mémoire la source qui alimentait ce lavoir, avec sa margelle en pierre, son eau limpide, et j’admirais les nombreuses pièces de monnaie qui parsemaient le fond sablonneux, certaines assez anciennes, avec un trou en leur centre qui m’intriguait, probablement jetées là pour porter bonheur.

Mon arrière grand-père, mort en 1943, deux ans avant ma naissance, menait son attelage, jument et remorque, vers le marché de la place du PETIT MARTROY, avec ou sans son épouse qui assurait la vente.
De mauvaises langues racontent qu’à l’égal de ses collègues, de bonnes ventes étaient l’occasion de certains excès de boisson, mais que le cheval connaissait si bien le chemin qu’il ramenait seul carriole et passager jusqu’à la maison.
Face à ce tableau, mes yeux s’attardent sur les femmes de droite, au plus près de la cathédrale, et cette carriole derrière elles, identique à celle du grand-père, toujours présente, figée dans le temps et l’espace lorsque j’allais à JOUY.
Je vois ma grand-mère parmi elles, même si au moins 20 années séparent l’époque de la peinture de celle où ils se rendaient au marché.
Une raison plus personnelle, conforte mon affection pour ce tableau.

En haut, à gauche, on aperçoit le bâtiment de l’ancienne quincaillerie COLIGNON, sa grande boutique verte, et le porche entre les deux bâtiments, cette fameuse « dent creuse » ….

La quincaillerie en façade et ses bâtiments intérieurs sont devenus VAUBAN, et la maison en aval, un café à l’époque, que nous venons d’acquérir, doit accueillir de nouvelles classes, dès septembre 2015.
On comprendra donc le profond attachement que j’ai pour cette peinture et pour cette place, qui a si peu changé depuis près de 150 ans, et le respect que je ressens pour tous les symboles qui y sont attachés.
Ces nouveaux locaux, du 21 Place du PETIT MARTROY, comportent deux niveaux de superbes caves, que la ville de PONTOISE a fait visiter pendant plusieurs années lors des journées du patrimoine, sous l’appellation « cave FAYOLLE », mais peu de personnes savent que sous nos autres locaux du 23, il en existe d’au moins aussi jolies, sur trois niveaux, plus grandes, avec des escaliers à main, où les marches sont reproduites au plafond, afin de s’y retrouver dans le noir, sans risquer la chute.

J’ai respecté les inscriptions sur ses murs, comme ceux d’aviateurs anglais ou américains cachés là pendant la seconde guerre mondiale, probablement avant d’être exfiltrés vers le Portugal puis l’Angleterre.
J’ai toujours tout fait pour que rien de ces lieux ne soit dégradé, et le cahier des charges imposé à notre architecte pour la rénovation du 21, interdit toute modification apportée aux caves.

Je songe aussi aux photographies des obsèques, en 1946, des trois jeunes pontoisiens fusillés en 1942, Jean-Claude CHABANNE, Pierre BUTIN et Jacques TÊTE, alors que leurs corbillards à cheval, quittent la cathédrale SAINT MACLOU pour rejoindre le cimetière de PONTOISE, en passant justement devant nos bâtiments.

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Rien n’a changé, le portail est à l’identique, et les deux vasques sont toujours présentes sur son faîte, 70 ans plus tard, ainsi que la statue de SAINT ELOI, patron des quincaillers et serruriers, sur la façade de VAUBAN, ce qui m’a souvent valu la question de savoir si l’école était catholique ; et bien non, VAUBAN est une école laïque.

3 réflexions au sujet de « Episode 2 : Y-a-t-il un dentiste dans l’avion ? »

  1. Louis -Aubert Claudine

    Bonjour Monsieur
    Par hasard, cherchant Roger Collignon sur le web j’arrive avec émotion sur votre article…
    Je suis née au 21, habitant à la quincaillerie où mon père était premier vendeur de 1930 à sa retraite.Nous logions au second étage et je connais tous les recoins des 21 et 23, sans compter greniers, écuries, étages, caves et souterrains. Que j’aimerais tant revisiter ! Née en 1947, j’ai fait mes études au Parc aux Charrettes, puis Mathurins et au lycée  »neuf » en 1959. Je repasse souvent par là bas et suis heureuse que mon St Eloi soit vaillant ainsi que les vasques du portail. Est ce que mon tilleul va bien ? Ainsi que mon marronnier ?!
    J’ai dû acheter des légumes à vos grands-parents, ma grand mère était marchande de chaussures rue de l’hôtel de Ville, mon arrière grand mère tenait un bateau lavoir au Pothuis ! J’apprécie également Ludovic Pierre .
    Bien cordialement, merci à vous !

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    1. Jean-Marie HUCHE Auteur de l’article

      Bonjour,
      Je vous présente mes excuses pour une réponse aussi tardive.
      Nous avons sensiblement le même âge, né en mars 1945, et j’ai créé le lycée privé VAUBAN en 1972.
      Voici près de 30 ans que la quincaillerie COLLIGNON est devenue le site principal du lycée VAUBAN.
      Désolé, mais les très gros travaux d’agrandissement en cours ont fait passer de vie à trépas le marronnier, il n’y a que quelques mois.
      Je n’ai par contre pas connu le tilleul.
      J’ai moi aussi fréquenté la quincaillerie étant gosse, y accompagnant mon père, et j’ai toujours essayé de préserver au mieux l’esprit et l’histoire du lieu, depuis que j’en suis propriétaire.
      L’intérieur a beaucoup changé, mais les caves sont toujours là, et n’attendent que votre visite.
      Le 21 avait été vendu séparément par l’ancienne propriétaire (les COLLIGNON étaient locataires), et je n’ai racheté ce second bâtiment que voici deux ans, réunissant ainsi l’ensemble, afin d’accueillir nos nouvelles classes de lycée, le collège ayant été déplacé rue de la CITADELLE il y a moins de 5 ans.
      De très gros travaux sont en cours, côté 21, avec des normes de sécurité en rapport avec notre activité, et l’aspect de la cour va totalement changer pour la rentrée de septembre 2016. Des photos seront disponibles sur le site de l’école.
      Vous avez compris pourquoi je veille jalousement sur St ELOI et les vasques, et pourquoi je me suis battu avec acharnement face aux exigences des services chargé de valider nos projets, peu sensibles à tout ce qui nous attache à ces symboles.
      Merci pour votre message, nous sommes un peu la mémoire du Pontoise de l’époque.
      JM Huché

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  2. Claudine Louis dit Picard

    Ce n’est qu’aujourd’hui que je découvre votre réponse et vous en remercie !
    Nous avons le même attachement à nos familles, notre Ville et j’apprécie doublement notre Vexin qui, lui , sait se préserver contrairement à la vallée de la Seine qui perd sa nature, son âme et son patrimoine.
    Si cela est possible en effet j’aimerais bien repasser le portail de l’impasse du Trou Gilet,, peut être avec mon petit fils de bientôt huit ans, qui aime que je lui raconte ses aïeux Pontoisiens et mes aventures dans les caves du 21 ! Peut-être à l’occasion d’une journée portes ouvertes !
    Bien amicalement, merci
    Mme Claudine Louis
    78410 Flins sur Seine

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  3. Stevtura

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